TY - EJOUR ET - LA - Français PB - LEH Edition PY - TI - Éditorial T2 - N2 -   César déjà avait écrit, dans « commentaires sur la Guerre des Gaules » que « Horum omnium fortissimi sunt belgae ». Cela signifie que « de tous les peuples de la gaule, les Belges sont les plus braves. ». Cette phrase, replacée dans son contexte, n’était en réalité qu’une propagande de César qui cherchait à représenter ses nombreux ennemis comme de vaillants combattants, ce qui lui permettait d’apparaître comme le plus grand des conquérants romains en cas de victoire sur ces peuples. Abstraction faite de ce contexte historique, les Belges nous montrent, au final, que cette citation n’est pas loin d’être fausse. C’est bien eux qui se sont retrouvés sur le devant de la scène médiatique ces dernières semaines, parce que deux médecins (les docteurs Steven Claes et Johan Bellemans) des hôpitaux universitaires de Louvain ont découvert le ligament antéro-latéral (le LAL). L’origine de ce ligament se situe sur une proéminence latérale du condyle fémoral (extrémité inférieure du fémur). Sa terminaison se trouve sur l’extrémité supérieure du tibia, en avant. Mais, comme le disait Jésus, il faut rendre à César ce qui appartient à César. En réalité, il ne s’agit pas d’une découverte mais plutôt d’une redécouverte. Au cours du 19e siècle (pour être exact en 1879) un médecin français Paul Segond avait déjà décrit ce même ligament comme une « bande nacrée, fibreuse et résistante ». Peut-être que l’absence d’études plus poussées et/ou de matériel scientifique à l’époque permet d’expliquer la disparition par la suite de ce ligament dans les études d’anatomie. Si cette question n’est pas à l’ordre du jour, on ne peut que se réjouir de cette découverte et imaginer les nombreuses « victoires » médicales qu’elle peut engendrer. Les premiers concernés par cette découverte pourraient être les sportifs. Le sport devenant de plus en plus exigeant, surtout au niveau professionnel ou le corps est parfois poussé à son paroxysme, le genou est souvent un élément perturbateur dans la vie d’un sportif. Il est facile d’imaginer que cette (re)découverte va donc permettre un meilleur diagnostic médical et une meilleure prise en charge, qui aura pour conséquence d’améliorer le rétablissement du patient. César dirait que le sort en est jeté. Sa fameuse expression « alea jacta est » (prononcée lorsqu’il a franchi le Rubicon sans licencier ses troupes alors qu’une loi romaine interdisait une telle action) peut aussi s’appliquer à une autre nouvelle, cette fois plus « juridique », qui nous est parvenue du plat pays. La Belgique, depuis une loi du 18 mai 200 a dépénalisé l’euthanasie active. Afin de prévenir toute dérive, des conditions et une procédure stricte ont été instaurées. En ce qui concerne les conditions, il est prévu que le patient doit être majeur (ou mineur émancipé), capable et conscient. Il faut, en outre, que la demande soit volontaire, réfléchie et faite de manière répétée. Finalement, le demandeur doit se trouver dans une situation médicale sans issue et faire état d’une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable. Le cas d’espèce qui nous intéresse a fait la Une au début du mois d’octobre 2013. C’est à cette période que Nathan a été euthanasié par son médecin, le docteur Wim Distlemans à l’hôpital universitaire flamand VUB. Ce qui interpelle dans cette euthanasie n’est pas l’acte médical lui-même, reconnu depuis 200 mais la qualité de transsexuel du patient. Nathan a vu le jour il y a quarante ans et est venue au monde en tant qu’un humain de sexe féminin. À l’adolescence, Nancy se met à rêver de devenir un homme. Entre 2009 et 2012 il a subi trois opérations (cure d’hormones, ablation des seins et changement de sexe), mais Nathan est consterné de voir le résultat final car il estime que ses seins « sont trop fermes » et que le sexe masculin qu’on lui a placé est « raté ». S’agissant de la « transsexualité », la Belgique a toujours été parmi les états précurseurs. À titre d’exemple, la loi du 10 mai 2007, relative à la transsexualité, donne davantage de droit aux transsexuels avec, notamment, une procédure plus simple pour les modifications de prénoms et de sexe (les deux procédures – l’une administrative et l’autre judiciaire – ont été unifiées dans le cadre d’une procédure administrative). Dans ce pays, la transsexualité est donc reconnue et, d’un point de vue purement juridique, le cas de Nathan qui, en tant que transsexuel, a obtenu le droit d’être euthanasié, n’est qu’une juste application de la législation belge. Reste alors à se demander pourquoi cette affaire à fait si grand bruit. Deux raisons peuvent être invoquées. La première, sûrement, repose sur le comportement de la famille de Nathan et, notamment, sur la violence des termes employés par sa mère. Lorsque cette dernière a été interrogée par les médias belges, elle a en effet expliqué qu’elle n’a jamais reconnu son enfant et que sa mort ne l’affecte pas. La seconde raison est que, même si la législation belge reconnaît l’euthanasie depuis 200 le procédé fait toujours débat. Sans prendre en compte l’avis des plus réfractaires, qui souhaitent encore et toujours le retrait de la loi, il y a aujourd’hui deux groupes qui continuent de s’affronter : ceux qui souhaitent conserver la loi telle quelle, et ceux qui, au contraire, souhaitent la faire évoluer. Il semble que ces derniers sont en train de remporter la « bataille », puisque le parlement belge devrait étudier sous peu l’extension de l’euthanasie aux mineurs et, surtout, aux adultes souffrant de maladies vasculaires graves ou de démence de type Alzheimer. Quand on sait que la maladie d’Alzheimer, à titre d’exemple, touche environ 25 millions de personnes dans le monde, et que ce nombre sera multiplié par quatre en 2050, il semble que les Belges anticipent des questions futures. Il apparaît, surtout, que confrontés à un débat sur un thème sensible, ils n’hésitent pas à trancher et ainsi, qu’ils prouvent que César avait bien raison… PP - Bordeaux ID - bnds-4786 L2 - https://www.bnds.fr/edition-numerique/revue/rds/rds-57/editorial.html SN - SP - 847 EP - 848