TY - EJOUR ET - LA - Français PB - LEH Edition PY - TI - Introduction T2 - N2 - Leçon entre toutes éloquente, le serment du Conseil de l’Ordre des médecins, qui est prêté au moment où l’on est admis à exercer la médecine, commence par une promesse de fidélité aux « lois de l’honneur et de la probité ». Il est immédiatement affirmé que le premier « souci » du promettant « sera de rétablir, de préserver et de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et moraux, individuels et sociaux ». Suit un cortège de saines exhortations, qu’il s’agisse du respect de l’autonomie et de la volonté des personnes, de la nécessité de s’interdire les discriminations de toutes sortes, de l’allégeance aux « lois de l’humanité », ou encore, pour s’en tenir là, de la protection des personnes frappées du sceau de la fragilité. Remarquons d’abord que l’esprit et la formulation utilisés sont de lointains surgeons du serment d’Hippocrate dont le texte originel remonte au IVe siècle avant notre ère. Il n’est pas douteux que le maintien de l’allusion au fait que ledit « serment » (le terme « contrat » est lui aussi sollicité) était placé sous le regard des dieux – l’insistance sur la piété et la pureté de la vie même privée des médecins n’est que trop visible – n’a pas été jugé opportun à une époque caractérisée par la sécularisation et la laïcisation des sociétés. Le viatique du bon médecin, qui a traversé les siècles, n’est autre que la nécessité d’œuvrer pour « l’utilité des malades », de ne recourir à aucune thérapeutique qui aille à l’encontre des intérêts véritables de ceux qui lui confient leur vie, qui lui soit injuste. Reste que l’estime de ses patients (on parlait jadis d’un honneur qui scintillait jusque dans l’éternité) constitue le plus puissant aiguillon qui soit pour conduire le médecin à respecter ses vœux. Ce serait une preuve de plus, s’il en était besoin, de la conception extensive de la santé que la définition qu’en a donnée l’Organisation mondiale de la Santé en 1946, à savoir « un état de complet bien-être physique, mental et social [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». PP - Bordeaux ID - bnds-9060 L2 - https://www.bnds.fr/edition-numerique/revue/cdsa/medecins-et-politique-xvie-xxe-siecles-n-29/introduction-9060.html SN - SP - 7 EP - 23