Anticiper, prévoir, prédire sont des thématiques qui parcourent l’histoire de l’humanité ; elles jalonnent la vie quotidienne, le champ des sciences, les pratiques de la médecine et de la psychiatrie. Dans un temps perpétuellement fuyant où le présent est chargé du passé comme du futur, que recouvrent ces concepts et quels en sont leurs différents usages tant sur le plan historique que dans la société contemporaine ?
Dans notre monde de planification visant à garantir l’efficacité et la sécurité, comment soignants et patients sont-ils pris dans ces perspectives d’approche du futur ? De manière générale, le thérapeute doit aider le malade à construire ou reconstruire son avenir : le projet de soin redonne une temporalité et va permettre de penser, d’anticiper, de prendre les devants. Il est également légitime de prévoir et prévenir les évolutions préjudiciables.Mais nos choix thérapeutiques peuvent aussi être porteurs de détermination, de prédiction, et s’opposer parfois à la créativité et aux capacités d’initiative. Par ailleurs, de nouvelles perspectives émergent avec des procédures innovantes telles les directives anticipées, ou d’autres modèles d’envisager la santé et le soin comme la médecine prédictive.
Aussi, nous voulons interroger en quoi la prévision et l’anticipation participent d’une organisation pertinente de la prévention, du soin et de l’autonomisation du patient, ou, au contraire, d’une limitation de ses possibilités évolutives, et de celles de son entourage familial et soignant.
La vocation de ce colloque est d’inviter à une réflexion multidisciplinaire visant à éclairer les enjeux de l’anticipation, de la prévision et de la prédiction en psychiatrie, en ayant pour fil conducteur l’éthique médicale.