Résumé
Le soin vise, par définition, des personnes affaiblies par la maladie, l’accident, le handicap. Les plus faibles désignent à la fois celles et ceux dont on considère qu’ils n’ont pas acquis ou qu’ils ont perdu juridiquement leur capacité à consentir, mais aussi ceux qui sont les plus malades, les plus souffrants, les plus isolés. Le droit de soigner renvoie d’abord pour le soignant à une compétence qui lui est reconnue et il s’accompagne de manière coextensive du devoir de soigner qui relève, sur le plan éthique, du principe de bienfaisance. Mais le droit de soigner désigne aussi le consentement aux soins de la personne malade ou blessée qui manifeste ainsi l’autonomie, reconnue à tout citoyen, fut-il à l’extrême de sa faiblesse. Tel est le sens de la législation française qui depuis 2002 a défini les droits des citoyens malades et le primat du principe d’autonomie au détriment du principe de bienfaisance, suspect de dérives paternalistes. Mais comment concilier ce nécessaire respect de l’autonomie dans les cas où la personne malade est hors d’état d’exprimer sa volonté ? Les dérives anticipées, la désignation de la personne de confiance sont-elles des réponses satisfaisantes ? Qu’en est-il aussi quand il s’agit d’une personne mineure ou déclarée incapable de discernement ? L’acharnement autonomique ne risque-t-il pas de devenir alors une négation de l’autonomie ? L’autonomie des plus faibles ne procède-t-elle que d’un déploiement rationnel ou est-elle aussi et d’abord l’acquiescement à une relation de confiance ?
Mots-clés
Bioéthique – Droits des malades – Principe de bienfaisance – Principe d’autonomie
Abstract
The care concerns by definition the people weakened by diseases, accidents, disability. The weakest refer to both those who are considered not to have acquired or who have legally lost their capacity to consent, but also those who are the most sick, the most suffering, the most isolated. The right to treat refers first of all to the caregiver’s recognized competence and is coextensive with the duty to care which is ethically the principle of beneficence. But the right to care also refers to the consent to the care of the sick or injured person who thus manifests the autonomy, recognized to any citizen, was it to the
extreme of its weakness. This is the meaning of the French legislation that since 2002 has defined the rights of sick citizens and the primacy of the principle of autonomy to the detriment of the principle of beneficence, suspicious of paternalistic drifts. But how to reconcile this necessary respect for autonomy in cases where the sick person is unable to express his will ? The advance directives, the appointment of the person of trust are they satisfactory answers ? What about when it is a minor or declared incapable of discernment ? Is not the autonomic relentlessness thus becoming a negation of autonomy ? Does the autonomy of the weakest come only from a rational deployment or is it also and first of all the acquiescence to a relationship of trust ?
Keywords
Bioethics – Rights of patients – Principle of beneficence – Principle of autonomy