Dans le désastre du Mediator® (benfluorex), produit par le laboratoire Servier, depuis 2012 plus de 4 200 plaignants ont été reconnus victimes et éligibles à une indemnisation après expertise médicale contradictoire effectuée au cas par cas, au décours de procédures pénales, civiles ou amiables adossées à l’ONIAM (Office national d’indemnisation des accidents médicaux). Par ailleurs la faute du laboratoire Servier, condamné pour « tromperie aggravée » en première instance par le tribunal de Paris (appel en cours), est clairement reconnue par les décisions civiles. Or, dès l’éclatement de l’affaire, médiatisée de façon proportionnée eu égard au nombre considérable de victimes concernées, le processus d’expertise s’est heurté à des contestations choquantes (tant dans l’appréciation des dommages dans que celle des responsabilités), illustrant les défis dans l’évaluation de dommages industriels sériels touchant un acteur économique de poids. Certains experts ont été jusqu’à opposer au scandale la notion de « rumeurs » et aux plaignants la négation des dommages ainsi que leur imputabilité au benfluorex. Une analyse rationnelle, fondée sur les preuves scientifiques actualisées et dépourvue de considérations idéologiques dans le processus d’expertise, est nécessaire. L’affaire du Mediator® s’avère un cas d’école pour reposer les bases d’une expertise libre de conflits d’intérêts et coordonnée harmonieusement afin de garantir un processus équitable de reconnaissance et d’indemnisation.