La société post-moderne est une société techno-scientifique qui semble affranchir l’homme de ses limites tout en le confrontant aux conséquences globales de ses actes. Les sciences de la vie suscitent ainsi une série d’espoirs et de craintes à l’origine de la réflexion bioéthique. En ouvrant de nouveaux champs de libertés mais aussi de responsabilité la mise en application du savoir scientifique reconstruit l’organisation sociale : la famille, les liens de dépendance et de pouvoir. La formidable révolution du vivant réagit ainsi sur nos valeurs, nos institutions, mettant à l’épreuve leur capacité à maintenir le lien social. Et si la bioéthique était plus qu’un pragmatisme inventé pour « encadrer » les errements d’une technique espérée et redoutée à la fois ? Si elle était un phénomène socio-politique global, une nouvelle vision du monde, utopie civilisatrice ou, à l’inverse, mystification sociale ? Mobilisant son expérience et sa connaissance de la complexité du phénomène social qu’est la bioéthique, l’auteur en analyse et interroge avec rigueur les caractéristiques.
Il en cerne les fondements : de quelles sources la bioéthique dispose-t-elle pour nouer le débat de toute une société ? Peut-elle, par sa méthode, son langage, ses acteurs, être à la base d’une nouvelle dialectique autour des enjeux posés par la technoscience ? Et quelle est l’ambition de la bioéthique comme phénomène socio-politique ? Nous offre-t-elle une nouvelle vision du pouvoir et de ses détenteurs ? Quelle société construit-elle ? Une société du risque ? Une société où la technique refonde le droit et l’anthropologie humaine ? Une société d’instabilité qui n’est plus capable de se reconnaître dans ses valeurs et ses institutions ?
Peut-on, au contraire, espérer que la bioéthique nous aide à approfondir notre sens de la responsabilité au profit des plus vulnérables d’entre nous, des générations futures et du respect de la biodiversité et de l’environnement ? En ce sens, la globalisation bioéthique serait aussi une chance pour l’homme et pas seulement le constat d’une dynamique d’intérêts contradictoires.
Par la nature et la qualité de son analyse, cet ouvrage constitue un véritable traité de bioéthique fondamentale qui permet d’évaluer l’impact de la techno-science sur le droit et l’organisation sociale.