Résumé
Le 9 juin 2023, le Conseil constitutionnel, saisi d’une QPC relative à l’article 342-9, alinéa premier, du Code civil – qui interdit, en cas d’AMP exogène, l’établissement d’un lien de filiation entre le donneur et l’enfant issu du don –, a jugé que ce texte, même s’il devait être interprété comme empêchant toute filiation, y compris adoptive, ne portait pas atteinte au droit de mener une vie familiale normale. La solution est sans surprise : si les conditions de l’AMP ont évolué, en particulier avec la levée possible
de l’anonymat, ces changements sont plutôt de nature à renforcer les justifications de l’interdit, dont le Conseil constitutionnel avait déjà eu l’occasion de dire, en 1994, qu’il était conforme aux droits et libertés garantis par la Constitution. L’intérêt de cette décision ne réside donc pas tant dans la solution retenue que dans les interrogations qu’elle fait naître quant à la portée du texte critiqué, en particulier s’agissant de la possibilité ou non pour le donneur d’adopter l’enfant. C’est aussi l’occasion de proposer
des pistes de réflexion pour un renouvellement des fondements de la filiation.
Mots-clés
Adoption – AMP avec tiers donneur – Donneur de gamètes – Filiation – Levée de l’anonymat
Abstract
On June 9, 2023, the Constitutional Council, seized of a priority question of constitutionality relating to article 342-9, paragraph 1, of the Civil Code – which prohibits, in the case of exogenous MAP, the establishment of a filiation link between the donor and the child resulting from the donation – ruled that this text, even if it were to be interpreted as preventing any parentage, including adoptive parentage, did not infringe the right to lead a normal family life. The solution is unsurprising: if the conditions of the MAP have evolved, in particular with the possible lifting of anonymity, these changes are rather likely to reinforce the justifications for the ban which the Constitutional Council had already had the opportunity to say, in 1994, that it was consistent with the rights and freedoms guaranteed by the Constitution. The interest in this decision therefore lies not so much in the solution adopted as in the questions it raises as to the scope of the criticized text, in particular with regard to the possibility or not for the donor to adopt the child. It is also an opportunity to propose avenues of reflection for a renewal of the foundations of filiation.
Keywords
Adoption – MAP with third-party donor – Gamete donor – Parentage – Lifting of anonymity